Dans un bulletin épidémiologique publié ce jeudi 20 mars, l’agence de santé publique France fait le point sur la circulation en France de la rougeole. Les autorités sanitaires font appel à une vigilance accrue face à la résurgence “en France et en Europe”.
Aucune accalmie sur le front de la santé. Après la grippe, une autre maladie fait s’inquiéter des autorités sanitaires: la rougeole. Dans un communiqué de presse publié ce jeudi 20 mars, l’agence de santé publique France appelle à une “vigilance renforcée” face à une multiplication des cas en France et dans le reste de l’Europe. Un message similaire avait été envoyé aux professionnels de la santé et de la petite enfance le 7 mars.
Cette maladie, bénigne dans la grande majorité des cas, se manifeste par la fatigue, la fièvre et les petits boutons très caractéristiques. “Après 10 jours, tout peut revenir à la normale”, comme expliqué début mars à l’infectiologiste de BFMTV Robert Sebbag à l’hôpital Pitié-Salpêtrière de Paris (AP-HP).
En détail, le SPF évoque un doublement des cas identifiés au début de 2025 par rapport à la même période l’an dernier. “Du 1er janvier au 14 mars 2025, 180 cas de rougeole ont été déclarés contre 83 au cours de la même période en 2024, un peu plus du double”, identifient les autorités d’un bulletin de situation.
Ces cas sont dispersés dans 34 départements, en particulier un arc englobant six départements dans le sud du pays. “Plus de la moitié des cas déclarés concernés 5 départements, le Nord (55 cas), le Val-D’oise (15 cas), le Bouches-du-Rhône (13 cas), l’AIN (9CAS) et les Alpes-Maritimes (9 cas)”, spécifie SPF.
Dans tous les cas enregistrés en France au cours des trois derniers mois, près de la moitié ont été hospitalisés. Un patient sur cinq a connu des complications, notamment l’encéphalite. Les enfants de moins de quatre ans représentent la moitié des cas.
Cas importés dans un contexte de résurgence mondiale
Les cas français ne sont pas isolés. Comme nous observons une situation inquiétante à l’échelle européenne. L’agence de santé publique note que 20% des cas sur le territoire métropolitain ont été importés de sept pays, dont le Maroc où l’épidémie fait rage. 41 cas ont été ramenés du Maroc depuis le début de l’année, contre 26 sur l’ensemble de 2024.
De l’autre côté de l’Atlantique, la situation n’est guère plus délicieuse. Aux États-Unis, où la maladie a cependant été considérée comme éradiquée en 2000, des centaines de cas ont récemment déclaré eux-mêmes, avec les premiers décès pendant dix ans.
Un incendie propulsé par une méfiance envers la vaccination, porté par le nouveau ministre de la Santé lui-même Robert F. Kennedy Jr ayant promu des traitements “alternatifs”: huile de foie de morue, stéroïdes et antibiotiques.
“Aucun (de ces traitements, note de l’éditeur) n’est connu pour être efficace contre la rougeole”, a déclaré la revue scientifique Nature.
En France, la vaccination est obligatoire chez les jeunes enfants nés depuis le 1er janvier 2018, avec des échecs liés à la pandémie de Covid-19. Le taux de vaccination chez les adultes, de 18 à 35 ans, reste trop faible (90,4%).
Selon l’ECDC, l’Agence de la santé européenne, la forte augmentation des infections est due à un taux de vaccination non optimal. Les enfants de moins d’un an, trop jeunes pour être vaccinés, paient le prix le plus élevé parce que l’accumulation de groupes de population non protégés continue de contribuer à la propagation de la rougeole. Près de 90% des personnes diagnostiquées avec la rougeole en 2024 n’avaient pas été vaccinées.