Le docteur en communication publique, Émilie Foster est professeur agrégé en politique appliquée à l’Université Carleton. Ses recherches se concentrent principalement sur les partis politiques, la démocratie et la communication politique. Elle a été adjointe du gouvernement de la Coalition Avenir Québec de 2018 à 2022. Elle avait auparavant été conseillère politique au bureau de François Legault dans l’opposition.
La coalition Avenir Québec a récemment présenté un nouveau slogan: “avoir le courage”. Un thème affiché bien en vue de la Largery du Premier ministre François Legault lors de sa fin de presse-session la semaine dernière: nous voulions être sûrs que le message passe.
Le gouvernement essaie probablement de justifier ses choix après une année éprouvante. Il cherche également à fouetter les troupes du Caquis en leur rappelant que le chemin peut être difficile lorsque vous avez le courage d’entreprendre des changements. En ce sens, il est clair que le chemin est en effet très difficile de nos jours pour François Legault.
Le CAQ est sur l’offensive sur plusieurs fronts stratégiques qui provoquent des perturbations importantes. La confrontation avec les médecins coule beaucoup d’encre, en particulier avec le projet de loi 106, qui relie une partie de leur rémunération à leur performance collective. Malgré la résistance des fédérations des médecins, le gouvernement promet d’aller à la fin de sa réforme.
Après l’adoption du projet de loi 89, ce qui limite le droit de frapper et d’élargir les services essentiels, neuf principaux centres syndicaux ont déclaré que le lien de confiance avec le gouvernement était brisé, tout en suggérant qu’une contestation judiciaire était préparée. Être avec des couteaux dessinés avec deux groupes aussi puissants, lorsque le CAQ montre des signes d’usure, constitue un pari audacieux.
À ces questions compliquées s’ajoutent la galante Commission sur Saaqclic, dont les avantages politiques sont susceptibles d’être explosifs. Le rapport final est attendu pour le 30 septembre, mais la date limite pourrait être rejetée, compte tenu de l’étendue du scandale. Le pire est peut-être de venir pour le gouvernement, car les ministres doivent toujours témoigner.
En termes de fichiers difficiles, nous pouvons également ajouter des critiques sur l’état obsolète du réseau hospitalier, notamment dans Maisonneuve-Rosemont, un fichier qui a symboliquement frappé le CAQ.
Il y a aussi l’ombre qui traîne sur l’avenir de François Legault, qui prétend vouloir se représenter en 2026. CAQ pourrait monter dans les urnes s’il annonçait son départ, tout comme la partie libérale du Canada après la démission de Justin Trudeau? Les caquistres lui consacrent un profond respect. Un putsch semble peu probable, mais ce serait suffisant un brillant d’un ministre – comme Chrystia Freeland – pour réfuter les cartes. La politique étant imprévisible, et le désespoir qui peut être audacieux, un tel scénario ne peut pas être exclu si les sondages ne s’améliorent pas.
Pas si simple pour le Parti Québécois
En revanche, le Parti Québécois se trouve au sommet des urnes. L’année prochaine, il devra décider s’il continue de promettre un référendum d’un premier mandat. Rien n’indique que Paul St-Pierre Plamondon veut faire autrement, mais l’incertitude économique créée par la turbulence américaine pourrait compliquer sa position.
Au-delà de la question du référendum, c’est le style du chef qui pourrait peser plus lourd. Paul St-Pierre Plamondon s’est d’abord distingué par un ton mesuré, analytique et crédible. Mais cela a changé. Sa proposition d’harmoniser la taxe sur les carburants avec les autres provinces canadiennes (qui priverait le trésor québécois d’environ 1,5 milliard de dollars, selon François Legault) et ses attaques répétées contre le “wokisme” sont plus proches du droit populiste que de la tradition sociale-démocratique. C’est cependant sa capacité à s’élever au-dessus de la mêlée qui lui a permis de s’effondrer et de dominer dans les sondages pendant près de deux ans. Pour enlever, cela serait risqué.
Le Parti libéral du Québec est à la croisée des chemins. Il doit souhaiter que l’arrivée d’un nouveau chef lui accorde une lune de miel, car pour le moment, c’est la stagnation. La tâche est importante: relancer une fête en panne de l’ancrage français et compter les liens avec les régions – deux conditions essentielles pour faire des gains à l’extérieur de l’île de Montréal. Si Pablo Rodriguez remporte la course à la chefferie, son expérience ministérielle fédérale pourrait en faire un leader “primaire”, dans un contexte où les bouleversements de la politique internationale, en particulier sous Trump, influencent directement le Québec. Si Karl Blackburn ou Charles Billion gagne, le défi sera d’incarner rapidement aux yeux du public la stature et la solidité nécessaires pour traverser ce domaine d’incertitude.
Québec solitaire traverse précisément une zone d’une grande incertitude. La démission de Gabriel Nadeau-Dubois du rôle de co-sachet-spolate a secoué un parti déjà affaibli, qui a stagné à la quatrième ou cinquième place dans les urnes pendant deux ans. Ruba Ghazal se démarque comme un porte-parole difficile, rigoureuse et efficace, capable d’aller avec des déclarations accrocheuses (“François Legault, ce qu’il veut, c’est putain de bordel au Québec”, a-t-elle lancé lors du Conseil national le week-end dernier).
Le choix d’un nouveau co-porte-parole pourrait restaurer un certain élan à la formation … mais le problème fondamental est ailleurs. C’est le positionnement du parti qui est en jeu. Le tour pragmatique tenté sous Gabriel Nadeau-Dubois a beaucoup dérangé certains militants (même si d’autres le soutiennent, comme nous l’avons vu dans les différents votes touchant cette question). En plus de ce débat interne, il ne faut pas oublier que la redéfinition des QS doit maintenant prendre en compte un contexte où l’économie et la situation américaine occupent le premier plan. Rien pour faciliter le reflet de la solidarité.
Ruba Ghazal a annoncé que la nouvelle “star polaire” du parti serait la défense des travailleurs. Si cette orientation est faite avec cohérente – par le biais du programme, des propositions, des projets de loi, des interventions dans la chambre et les communications – c’est probablement le positionnement politique le plus prometteur pour les QS dans les prochains mois.
Enfin, un an à partir des élections générales, les perspectives sont intéressantes pour le Parti conservateur du Québec. Trois ans après les élections de 2022, sans député à l’Assemblée nationale, la formation maintient un taux de soutien de 10% à 13% dans les urnes, un résultat complètement honorable. Éric Duhaime parvient à parler avec des slogans comme “My Tank, My Choice”. Le partiel à venir à Arthabaska sera, quoi qu’il arrive, un moment clé pour les conservateurs. La course promet d’être serrée. Le chef Duhaime est présent sur le terrain depuis des mois et a déjà imposé certains de ses thèmes.
Son engagement à abolir la taxe sur le carbone pour réduire le prix de l’essence a poussé Paul St-Pierre Plamondon à réagir. Si Duhaime prévaut à Arthabaska, ce sera une victoire majeure. Même dans le cas d’une défaite, le parti aura obtenu une visibilité significative, lui permettant de se faire encore plus connu et de montrer sa compétitivité dans la région. Cela promet pour l’élection l’année prochaine.