LL’année dernière, j’ai quitté un poste prometteur de professeur d’océanographie à l’Université de Rhode Island, lorsque j’ai réalisé que la science universitaire non seulement était inefficace pour faire face au changement climatique, mais qu’elle pouvait en fait contribuer aux retards dans l’action climatique.
Travailler comme océanographe était passionnant – des semaines en mer sur de grands navires de recherche, avec des outils et des robots pour examiner les confins de notre planète. Ces expéditions avaient toutes pour but de contribuer au vaste domaine des sciences océaniques. Entre la production de la majeure partie de notre oxygène atmosphérique, la séquestration de la majeure partie du dioxyde de carbone atmosphérique et la régulation du transport de chaleur de la planète, nos océans sont les principaux facteurs déterminants du climat de la Terre.
Comme la plupart de mes collègues océanographes universitaires, j’étais motivé à devenir professeur pour contribuer à atténuer la crise climatique mondiale. Cependant, aussi idéalistes que puissent être la plupart des scientifiques universitaires, ils ne peuvent échapper aux institutions universitaires de plus en plus orientées vers les finances qui les abritent. C’est à ce carrefour entre vouloir avoir un impact et devoir lever des fonds pour la recherche que j’ai découvert une tendance inquiétante : pour rendre leur science pertinente, les scientifiques universitaires ont par inadvertance fait de la science du changement climatique une distraction des solutions au changement climatique.
Solutionnisme technologique
Pour recevoir des fonds pour mener des recherches, les scientifiques universitaires vendent leurs idées à des organismes subventionnaires allant du gouvernement aux partenariats industriels et aux organisations philanthropiques. Pour vendre leurs idées, les scientifiques doivent rendre leurs idées pertinentes sur le plan sociétal, et un excellent moyen d’y parvenir est de situer la science dans le contexte de notre climat changeant.
Cela devient assez vite problématique. Premièrement, la recherche universitaire stagne parce qu’elle dépend principalement des subventions gouvernementales, dont les cycles et l’orientation sont à la merci des agences gouvernementales qui hébergent souvent les négationnistes du climat. Deuxièmement, les idées flashy, riches sur le plan technologique et promettant des solutions rapides sont souvent financées par des projets qui ont un impact local sur la communauté ou qui reposent sur des ensembles de données à plus long terme.
Le terme « tech-solutionnisme » a été utilisé pour décrire ce type de recherche, où le progrès technologique promet avenir des réductions des émissions, plutôt que de répondre au besoin immédiat de solutions à l’urgence climatique actuelle. Le tech-solutionnisme est souvent le type de recherche sur le climat le plus financé par les start-ups, les investisseurs en capital-risque et les agences de start-up. Ce mouvement dangereux reconnaît la réalité du réchauffement climatique, mais retarde la prise de décision et bloque efficacement l’action climatique.
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