Ce texte rassemble les capsules contenues dans notre newsletter politique, publiée le jeudi à 17h00. Vous y trouverez un regard en quatre points sur les événements politiques de la semaine. Vous pouvez vous inscrire ici.
«La page est tournée», s’est réjoui Gabriel Nadeau-Dubois dimanche, après l’adoption par les militants de Québec Solidaire d’une motion selon laquelle le parti «ne soutient pas et n’a jamais soutenu que l’Assemblée nationale et ses députés soient racistes». Or, si jamais une page s’est tournée cette semaine dans ce dossier, c’est seulement pour continuer l’écriture de la suite du livre sur le même thème de la « polémique Haroun Baouzzi ».
Après une semaine de débat autour des propos du député Bouazzi – qui a déclaré lors d’un événement qu’il voyait chaque jour à l’Assemblée nationale “la construction de cet autre qui est maghrébin, qui est musulman, qui est noir, qui est indigène, et sa culture qui, par définition, serait dangereuse ou inférieure » — le bilan est lourd pour Québec solidaire.
Au sein du caucus, cette nouvelle polémique impliquant Haroun Bouazzi a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase : ses collègues en ont visiblement marre d’être entraînés, comme l’a déclaré mercredi Vincent Marissal, dans ” spectacles parallèles » qui font de l’ombre au travail parlementaire de QS.
Plus largement, le dossier a mis en lumière de profondes divergences entre les différents courants du parti, ainsi que des tensions entre certains militants (qui auraient souhaité un soutien sans équivoque au député, car ils adhèrent à sa lecture) et la députée de l’aile, qui s’est rapidement désolidarisée. d’après les paroles de son membre turbulent.
Cela dit, on notera à quel point cette polémique est celle des exagérations en tous genres. Quand Haroun Bouazzi suggère que les membres de l’Assemblée nationale (élus par la population) travaillent activement à rabaisser la culture de « l’autre », il dit essentiellement des bêtises. Il aurait pu tenter de ramener le débat sur l’idée que certains hommes politiques exploitent la question de l’immigration (comme le suggère la motion adoptée dimanche par des militants du parti). Mais non : il n’a guère reconnu de « maladresse » dans ses interventions.
Bien entendu, l’Assemblée nationale se devait de réagir et de dénoncer les propos d’Haroun Bouazzi. Mais trois motions pour dire à peu près la même chose ? Deux tours de discours pour chaque parti pour enfoncer le clou ? Au Québec, les vendeurs de chemises déchirées ont connu une bonne semaine.
Il y a aussi eu une exagération dans l’analyse (ou la récupération politique) que Paul St-Pierre Plamondon a faite de tout cela mercredi. À l’entendre dire, personne à Québec Solidaire n’a dénoncé les propos d’Haroun Bouazzi, et tous les groupes de solidarité sont engagés depuis 10 ans dans une vaste opération d’intimidation et de désinformation pour « imposer un agenda “wokiste” et enfoncer dans la gorge les Québécois. des concepts « brumeux » comme le racisme systémique (un débat qu’il a déjà trouvé « extrêmement légitime »), l’écriture inclusive et la culture d’annulation, le « wokisme », a-t-il affirmé, est un problème. mouvement « antidémocratique » qui déforme les propos, juge les intentions et veut « contraindre l’adversaire au silence ». Voilà en soi une bonne synthèse de la lecture que font certains des excès de la gauche identitaire radicale. (un groupe qui a obtenu plus de voix que le Parti Québécois aux dernières élections, tout de même) à un mouvement antidémocratique dont le seul objectif serait d’imposer partout le « wokisme » extrême, c’est de la surenchère.
Le numéro
11 milliards
La mise à jour économique du ministre des Finances du Québec, Éric Girard, indique que le déficit pour l’année en cours sera, tel que prévu dans le budget de mars, de 11 milliards de dollars. Il présente également des perspectives plus encourageantes pour la reprise économique, favorisée par la baisse des taux d’intérêt et de l’inflation. L’actualisation est globalement sobre, prévoyant de nouveaux investissements de 2,1 milliards sur cinq ans et ne mentionnant aucune baisse importante (hormis une modification du crédit d’impôt pour prolongation de carrière). Sauf que… cela masque une réalité plus dure. En fait, le Québec a dû puiser dans sa réserve pour compenser (en partie) une augmentation des dépenses plus importante que prévu (notamment près de 900 millions dans le secteur de la santé, sur trois milliards au total). Surtout, le document annonce des années difficiles à venir – avant même la présentation du plan de retour à l’équilibre budgétaire. Si la hausse des dépenses de portefeuille reste significative cette année (6,5%), elle tombera à 2,1% l’année prochaine, et à 1,6% par la suite. En règle générale, vous avez besoin d’une croissance de près de 3 % d’une année sur l’autre pour fournir les mêmes services. DONC…
Le barêtre
👍 Soulèvement
Martine Biron était certainement bien intentionnée lorsqu’elle a évoqué, en avril 2023, l’idée de déposer un projet de loi pour « protéger le principe » du droit à l’avortement au Québec. “Je veux baiser [le principe] dans le mur, elle a dit à La presse. Je veux qu’on dise que ce droit est un droit au Québec, on y croit et on veut le protéger. » Cependant, plusieurs groupes et experts n’ont pas tardé à souligner qu’un projet de loi pourrait paradoxalement avoir l’effet inverse de celui souhaité — en permettant En fait rouvrir le débat sur l’avortement, en ouvrant la porte à des contestations judiciaires, en créant de possibles brèches… La ministre Biron a entendu le message, a changé son approche et a présenté cette semaine un plan d’action largement salué. Il est peut-être incomplet, mais ses orientations (notamment pour améliorer l’accès à l’avortement à l’extérieur de Montréal) auront sans aucun doute un effet bénéfique.
👎 En déclin
Le ministre de l’Emploi, du Développement de la main-d’œuvre et des Langues officielles, Randy Boissonnault, a-t-il exagéré son ascendance autochtone ? C’est l’une des questions sous-jacentes à un dossier qui a soulevé des débats houleux cette semaine à Ottawa… et contraint le principal concerné à quitter le Conseil des ministres (il reste membre du caucus libéral), d’un commun accord avec le Premier ministre. Ministre. Randy Boissonnault ne s’est jamais identifié comme autochtone, mais il s’est décrit comme un « Cri adopté sans statut » et a répété à plusieurs reprises que son arrière-grand-mère était une femme crie. Cependant, les rapports de Poste National a révélé que cette arrière-grand-mère n’était pas vraiment Cri — et aussi que l’ancien partenaire d’affaires de Randy Boissonnault avait tenté (sans succès) de désigner leur entreprise comme « appartenant aux Autochtones » afin d’avoir accès à certains contrats réservés aux entreprises des Premières Nations. Le dossier a ses complexités, disons, mais résumons-le avec les mots du ministre Mark Holland : il était devenu une « distraction au sein du Cabinet ». Et voilà, le ministre n’est plus là.