Dans un avis publié ce mercredi 11 décembre, des scientifiques souhaitent interdire toute mention ciblant les « enfants » sur les crèmes solaires. Ils souhaitent également de nouvelles catégories pour que la protection apportée par le produit soit la plus claire possible, ainsi que des indications sur les quantités à utiliser.
Rendre les étiquettes plus simples et plus claires pour mieux protéger les consommateurs. Dans le cadre de la révision en cours de la recommandation de l’Union européenne (UE) aux fabricants « sur les allégations de sécurité et d’efficacité » des produits de protection solaire, l’Anses publie ce mercredi 11 décembre un avis avec ses recommandations.
“L’étiquetage doit se concentrer sur les informations essentielles pour permettre aux consommateurs de mieux identifier le niveau de protection solaire apporté (…) afin que le produit acheté soit particulièrement adapté à leur type de peau et à l’intensité de l’exposition solaire”, écrit le agence.
Protéger contre les UVB et les UVA
Un produit de protection solaire doit protéger à la fois contre les UVB et les UVA. Les rayons ultraviolets A pénètrent profondément dans la peau et sont responsables de son vieillissement.
Les B pénètrent uniquement dans l’épiderme, c’est-à-dire la couche superficielle de la peau. Ils sont les principaux responsables des coups de soleil. « Les rayons UVB sont 1 000 fois plus puissants que les rayons UVA », précise l’Anses. “Bien que les rayons UVB constituent le principal facteur des cancers de la peau car ils peuvent altérer directement l’ADN, les rayons UVA jouent un rôle important dans leur apparition”, ajoute l’organisme dans son avis ce mercredi.
L’Anses recommande de supprimer des étiquettes l’indice de protection solaire (SPF), qui reflète le niveau de protection contre les UVB apporté par une crème solaire, ainsi que le logo UVA.
Elle propose plutôt de ne retenir que trois catégories : protection faible, moyenne ou forte, qui porteraient sur la protection contre les deux types d’UV. Cela « concentrerait l’attention des utilisateurs sur les performances globales de la protection ».
Pour l’Anses, « le SPF génère une perception biaisée chez les consommateurs pour comparer les performances de protection contre tous les UV, alors qu’il ne reflète que la protection contre les UVB ».
Six cuillères à café de lotion
Dans ces nouvelles catégories, la « basse protection » regrouperait les produits affichant actuellement un SPF 15 et 20, la « moyenne protection » ceux dotés d’un SPF 25 ou 30, et la « haute protection », les SPF 50 et 50+.
L’Anses précise que les crèmes solaires 50+ « n’augmentent pas significativement la protection contre les rayons UV par rapport aux produits avec un SPF 50 ». “Cette mention peut cependant donner l’impression qu’ils offrent une telle protection que les consommateurs pourraient s’exposer davantage au soleil”, écrit l’agence, qui suggère donc de supprimer la catégorie “très haute protection”.
Les scientifiques recommandent également que les étiquettes comportent des indications sur la quantité de produit à appliquer, adaptées à la formulation du produit (crème, sprays, stick, huile, mousse…). « Par exemple, pour une lotion, vous appliqueriez six cuillères à café de lotion (environ 36 grammes) sur l’ensemble du corps d’un adulte moyen », illustrent-ils.
La mention « enfants » doit être interdite
Une attention particulière est portée aux crèmes destinées aux bébés et aux enfants. Pour l’Anses, cette mention devrait simplement être interdite car elle biaiserait l’information.
L’organisme scientifique rappelle “que l’exposition des bébés et jeunes enfants au soleil est contre-indiquée car ils sont plus vulnérables aux effets cancérigènes des rayons UV”. En effet, pour l’ensemble de la population, l’exposition aux rayons ultraviolets constitue le principal facteur de risque de cancer de la peau.
En conséquence, l’Anses juge que préciser qu’un produit est destiné aux jeunes enfants peut avoir tendance à laisser penser qu’ils peuvent s’exposer au soleil sans crainte. « Le recours à un produit de protection solaire doit rester une solution de dernier recours, en complément des mesures préventives », écrit-elle. S’adressant à l’AFP, Céline Druet, directrice adjointe du service d’évaluation des risques de l’Anses, ajoute qu’il ne faut pas non plus placer les enfants sous un parasol, où ils seraient exposés à des rayonnements diffus ou réfléchis. .
Pour les enfants mais aussi le reste de la population, il est recommandé de rechercher de l’ombre, de porter des vêtements couvrants, de limiter la durée d’exposition et d’éviter les moments de la journée où le rayonnement UV est le plus intense.
Attention aux cosmétiques avec filtre solaire
L’Anses se concentre également selon elle sur une autre problématique : les produits cosmétiques contenant un filtre solaire. De plus en plus de produits sur le marché – notamment crèmes de jour, fonds de teint, baumes à lèvres, etc. – promettent également une protection contre les effets néfastes du soleil.
Ce type de produits peut « prêter à confusion quant à leur niveau de protection au regard des risques liés à l’exposition aux UV », déplore l’Anses. En effet, ces cosmétiques n’ont pas pour objectif premier et principal de protéger contre les rayons UV. Ainsi, les consommateurs pensent qu’ils sont protégés même s’ils n’ont souvent appliqué ce produit qu’une seule fois le matin et en quantités bien inférieures à ce qui est nécessaire pour être véritablement mieux protégés.
L’Anses recommande donc que ces produits ne puissent pas prétendre à une protection solaire en apposant un SPF sur l’étiquette.
Enfin, toujours en matière d’étiquetage, l’Anses recommande d’intégrer dans la recommandation européenne la question des effets nocifs des filtres UV sur divers organismes aquatiques, en interdisant les allégations et logos de certains produits solaires favorisant le respect du milieu marin, « sans avoir démontré leur sécurité”.