« Nous croyons toujours aux capacités de Starliner » : le communiqué publié mercredi 8 août par Boeing se mesure toujours à la même aune, celle d’une entreprise qui a mis à mal la confiance du public et des autorités en occultant ses manquements. A-t-elle donc raison lorsqu’elle affirme que sa capsule spatiale est capable de ramener sur Terre les deux astronautes américains coincés depuis juin et jusqu’à nouvel ordre sur la Station spatiale internationale (ISS) pour un séjour qui devait durer huit jours ? Nul ne le sait, mais l’odyssée des astronautes Barry Wilmore et Sunita Williams renforce l’image désastreuse d’une entreprise plus préoccupée par ses juteux contrats civils et militaires que par la sécurité de ses passagers.
Le lancement du premier vol habité de Starliner s’est fait à un rythme forcé. En mai, le lancement a dû être annulé en raison d’un “petite fuite” d’hélium. Le 1est En juin, c’était à cause d’une interruption informatique 3 minutes 50 secondes avant le décollage. Les astronautes sont finalement partis le 5 juin, mais avec le recul, il semble que Boeing n’ait pas été à la hauteur.
Lors du vol d’approche vers l’ISS, les fuites d’hélium ont continué tandis que cinq des vingt-huit propulseurs du Starliner se sont arrêtés à un moment donné du vol. Au point que la Nasa envisage de faire appel à la firme d’Elon Musk, partie en même temps qu’elle en 2014, pour renvoyer des astronautes dans l’espace et le fait avec succès depuis 2020 alors que Boeing n’y parvient pas.
Défaillance générale
L’accident de sa capsule menace l’ensemble de son programme, largement déficitaire. Dans une Amérique dont la solidarité avec ses astronautes est légendaire, la presse américaine s’abstient désormais de commenter Boeing. Elle se contente de s’épouvanter tout en rapportant les faits.
L’échec est général. Le déni est la spécialité de Boeing depuis les accidents mortels de deux Boeing 737 Max mal conçus en 2018 et 2019 et l’arrachement d’un bouchon de porte, dont les boulons n’avaient pas été revissés sur un appareil d’Alaska Airlines début janvier. Officiellement, c’est fini depuis ce jeudi 8 août et l’investiture du nouveau PDG du géant aéronautique, Robert Kelly Ortberg. Sa mission : sauver une icône américaine en déclin. « Bien que nous ayons clairement beaucoup de travail à faire pour rétablir la confiance, je suis convaincu qu’en travaillant ensemble, nous réussirons à faire de l’entreprise le leader du secteur que nous attendons tous. »M. Ortberg a écrit à ses employés jeudi. « Après avoir discuté avec nos clients et nos partenaires du secteur jusqu’à présent, je peux vous dire que, sans exception, tout le monde souhaite notre réussite. Dans de nombreux cas, ils ont BESOIN de notre réussite. »
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