Dans sa jeunesse, l’auteur Patrick Modiano était un habitué au Rosebud dans le 14 de Parisème L’arrondissement et n’a jamais contourné la place nocturne avec ses rideaux étroitement dessinés et son comptoir en bois. Il devait devenir un écrivain connu pour la mélancolie, et en quelques lignes a décrit l’atmosphère des rues entre la gare et le cimetière Montparnasse. “Si je me souviens bien, il pleuvait souvent là-bas, alors que dans mes rêves, je vois toujours d’autres zones de Paris baignées de soleil”, a-t-il écrit Grass nuits (Le carnet noir2016). Dans ses travaux précédents Ruiner les fleurs (Fleurs de ruine, 2014), il a décrit comment ce coin de la rive gauche avait toujours semblé être un “quartier entier [that] est devenu doucement détaché de Paris. “Au milieu de cela se trouvait le bouton de rose, où une figure mystérieuse prend le narrateur et lui dit:” C’est très agréable ici … “
Quand il a ouvert ses portes en 1962, le bar a pris le nom “Rosebud” comme un hommage au dernier mot prononcé par le protagoniste mourant du film d’Orson Welles Citizen Kane (1941). Dans le film, un journaliste étudie le sens que le milliardaire reclus a donné au mot. Le spectateur comprend que c’était une mémoire d’enfance heureuse. Pour les amateurs de films, le terme est devenu synonyme de bonheur révolu. Et, dans une douce ironie, ce bar, que personne ne sait si Welles a fréquenté lors d’une de ses visites à Paris, est également un bouton de rose.
C’est le souvenir des fantômes de Paris toujours présents dans une zone qui n’a rien à voir avec celle du cliché rempli Emily à Paris série. Il revient à une époque où, dans ce petit endroit, vous vous êtes peut-être retrouvé assis à côté de Samuel Beckett, Jean-Paul Sartre, Simone de Beauvoir ou Marguerite Duras. C’est le goût des esprits oubliés, servi par des serveurs dans des vestes blanches et un millier de vies passées de petits escrocs et de jeunes lumières de tête. C’est la sensation de la peau contre la cuirat, les ampoules crépitantes et les rencontres avec un étranger gribouillant leur numéro de téléphone sur un match de match.
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