L’auteur est urgent. Professeur un titulaire à l’Université de Montréal, il enseigne, a participé à la recherche en médecine d’urgence et intervient fréquemment sur les problèmes de santé.
Imaginez: vous laissez le médecin à la satisfaction d’avoir été bien pris en charge. Ensuite, au tournant d’une conversation après une réunion de suivi, vous apprenez que le diagnostic était mauvais.
Malgré leurs conséquences malheureuses et parfois dramatiques, ces erreurs sont également une occasion unique d’apprendre. D’abord et avant tout pour la profession médicale. Il est même un devoir d’en profiter.
Parcourez les données de la Canadian Medical Protective Association, qui fournit la majorité des médecins canadiens en cas d’erreur ou d’accident médical, vous permet de voir, en particulier avec les 1000 principaux dossiers médico-légaux qu’il analyse chaque année.
Ces fichiers concernent principalement les erreurs de diagnostic, c’est-à-dire les problèmes d’évaluation, ce qui entraîne des retards dans la détection du cancer (souvent interprété comme des troubles digestifs mineurs) ou des maladies cardiaques (alors perçues comme des difficultés respiratoires). Ces erreurs peuvent provoquer des effets graves, voire entraîner la mort.
Parmi les causes des principaux incidents, il y a avant tout le fait de ne pas effectuer un test indiqué, pour effectuer une intervention, consulter un collègue, pour hospitaliser le patient ou le transférer dans un environnement plus spécialisé. D’autres cas tombent également sous une surveillance défectueuse ou des obstacles empêchant un bon suivi. Bref, c’est assez varié. Regardons ce qu’il revient.
Premièrement, ces erreurs ne sont pas nécessairement expliquées par un problème de formation ou de négligence: même si les médecins veulent généralement faire de leur mieux pour leurs patients, il peut arriver que leur approche ait des défauts ou que le contexte des soins complique leur tâche.
Les soignants doivent transformer chacune des erreurs en source d’amélioration, autant pour elles-mêmes que pour d’autres professionnels
Par exemple, les médecins sont sujets, comme tout le monde, à ce que l’on appelle les biais cognitifs, ce qui les a conduits à favoriser l’hypothèse la plus évidente, tout en notant des signaux d’alerte plus subtils. Il est donc nécessaire d’adopter des stratégies pour limiter leur portée: en prenant du recul, en considérant toujours les autres diagnostics possibles, en particulier les plus graves, et en discutant des cas plus complexes avec des collègues ou des consultants.
Il est également important de bien conserver les dossiers médicaux, où les informations centrales sur les épisodes de soins, une étape légèrement négligée est enregistrée car cela prend beaucoup de temps. À cet égard, de nouveaux outils parient sur l’intelligence artificielle pour générer des notes détaillées à partir de l’écoute automatisée des interviews, seul le médecin reste révisé.
Quant à la communication des résultats aux patients, il doit être soumis à une approche structurée: le médecin doit vous assurer de vous informer de toutes les résultats anormaux et de planifier une surveillance en temps opportun pour éviter un retard dans le traitement et les complications qui peuvent en résulter.
Le contexte des soins fait référence aux contraintes de temps, à l’accès aux tests de diagnostic, à la coordination imparfaite entre les professionnels de la santé et les problèmes de transmission essentiels de données, qui contribuent ensemble à l’émergence de ces défauts.
En tant que patient, vous pouvez cependant aider votre cause, par exemple en ne négligeant jamais un rendez-vous de suivi proposé. Connaître et consulter votre propre livre de santé, accessible sur Internet, permet également d’agir de manière préventive et de poser les bonnes questions lorsqu’un résultat semble inquiétant.
Et surtout, il faut réaliser que malgré les aspects négatifs qu’ils génèrent, ces erreurs restent l’occasion d’apprendre. Les soignants doivent transformer chacun d’eux en une source d’amélioration, autant pour eux-mêmes que pour les autres professionnels qui tournent autour.
La première condition pour y arriver est de les détecter, de les analyser objectivement et de proposer des correctifs. La pire attitude est en effet de ne pas reconnaître les erreurs, d’imaginer invulnérable ou de nier l’existence de problèmes.
Mais la réduction des défauts n’est pas seulement un problème médical est également un défi social, qui nécessite des investissements pour offrir plus de temps pour les consultations, assurer un meilleur accès aux examens de diagnostic et mettre en place une culture visant la transparence et l’amélioration.
Tous ces efforts en valent la peine, car la limitation du nombre d’erreurs, en plus de réduire les souffrances chez les patients et le stress chez les soignants, conduit également à des économies réelles dans les soins.
En d’autres termes, tout le monde gagne. Le patient d’abord, bien sûr.
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