Les petits pots de bébé ont été massivement rappelés dans toute la France. Ils contiennent une toxine potentiellement dangereuse pour la santé: l’ochratoxine A.
Quelle est cette toxine qui a provoqué un rappel massif de petits pots? Vendredi 18 avril, Nestlé pour les plats pour bébés vendus depuis septembre 2024 dans presque toutes les grandes marques de distribution et dans toute la France a été rappelé. La cause: ils contiennent de l’ochratoxine A, une toxine dangereuse pour la santé.
Ce n’est pas la première fois que les rappels liés à cette toxine particulière se produisent. L’année dernière, les figues organiques ont été affectées. En 2023, ils étaient des coffres de café. Deux ans plus tôt, le riz basmati était soupçonné de contenir un montant significatif.
Céréales, fruits secs, café, vin
L’ochratoxine A, également appelée OTA, est une mycotoxine. “Les mycotoxines sont des composés toxiques naturellement produits par certains types de moisissures”, explique l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Cela signifie qu’ils sont produits par des champignons microscopiques.
“L’ochratoxine A est produite par plusieurs espèces d’Aspergillus et de pénicillium (champignons, note de l’éditeur) et la contamination par cette mycotoxine est courante dans la nourriture”, poursuit l’OMS. Il arrive que cette toxine se trouve dans les céréales, les viandes en conserve, les fruits frais et secs, les épices, le café, le vin ou les fromages.
Une toxine qui peut apparaître à différentes étapes de la production de produits, de la récolte à l’emballage. “Le développement de moules peut se produire avant ou après la récolte, pendant la conservation, sur ou dans la nourriture elle-même souvent dans un environnement chaud, humide et humide”, a déclaré l’agence des Nations Unies.
Génotoxique et cancérogène
Une mycotoxine connue pour sa dangerosité potentielle sur la santé humaine. “De nouvelles données (…) suggèrent que l’OTA peut être génotoxique en endommageant directement l’ADN”, avertit l’European Food Safety Authority (EFSA). Ses experts ont également confirmé qu’elle pouvait être cancérigène pour le rein.
Chez les animaux, des études ont également été menées sur la souris, le rat, le lapin et le porc et ont montré des “effets indésirables” de l’OTA, pointe toujours vers l’EFSA.
Parmi les «divers signes généraux de toxicité» observés chez ces espèces: les lésions histopathologiques (c’est-à-dire sur les tissus), les tumeurs rénales, l’immunotoxicité (soit tout effet négatif pour le système immunitaire), la neurotoxicité, soit même les effets sur le développement.
Mécanismes “pas clairs”
L’Autorité européenne de sécurité alimentaire spécifie que les zones grises restent sur cette mycotoxine. “Les mécanismes de génotoxicité ne sont pas clairs”, prévient-elle, appelant à de nouvelles études. Parce que ses «modes d’action génotoxique et non génotoxique et génotoxique indirecte pourraient chacun contribuer à la formation de tumeurs».
Ceci est confirmé par Jean-Pierre Gangneux, chef du service de parasitologie-cycologie de l’hôpital universitaire de Rennes.
“Nous ne savons pas ce qui déclenche la synthèse des mycotoxines par certains moules”, a-t-il déclaré à bfmtv.com.
D’autant plus que, s’il existe de nombreuses normes pour la présence de l’ochratoxine A dans la nourriture, il n’y a pas de seuil à partir duquel l’exposition est considérée comme dangereuse. “Il n’y a aucune valeur à partir de laquelle nous pouvons prédire que ce sera la cause du cancer”, ajoute Jean-Pierre Gangneux.
Pas de message alarmiste
Mais selon lui, la nocive de cette mycotoxine est surtout due à “l’effet cumulatif” d’une exposition “à long terme”. Également chercheur Interm à l’Institut de recherche sur la santé, de l’environnement et du travail, Jean-Pierre Gangneux invite à ne pas envoyer de “message alarmiste”.
“Le problème se pose davantage dans le cadre d’une exposition massive et prolongée via un régime incontrôlé, ce qui n’est pas le cas en Europe.”
Le chercheur appelle également les champignons «ne pas craindre». “Que ce soit dans les airs que nous respirons, lors d’une balade dans la forêt ou dans le foin donné aux chevaux, il y a partout.”
S’il reconnaît que, “dans certaines conditions et avec certains moules”, il existe en effet un risque pour la santé, Jean-Pierre Gangneux rappelle qu’il existe des stratégies préventives, telles que les actions ou l’utilisation de fongicides. “Et tous les moules ne donnent pas d’ochratoxine, comme Roquefort.”