MMauvaise nouvelle pour les agriculteurs français qui cultivent du blé. Non seulement la production ne sera pas à la hauteur – en termes de volume et de qualité – mais les prix mondiaux devraient aussi être inférieurs à ceux de l’année dernière.
“On aura entre 25 et 30 % de récolte en moins”, prévient mercredi sur France Info Arnaud Rousseau, patron du puissant syndicat agricole FNSEA. Agriculteur tourangeau et associé chez le courtier en grains Aquitaine Courtage, Sébastien Rouillay donne les mêmes chiffres : “On devrait être autour de 25 millions de tonnes de blé tendre, contre 35 l’an dernier”. Soit un rendement de 6 tonnes à l’hectare, contre 7,5 tonnes l’an dernier. Il faut remonter à 1986 pour retrouver une production aussi faible. La faute à une météo trop pluvieuse et à des températures trop basses pendant l’hiver et le printemps.
Une hausse du prix de la tonne permettrait de gommer cet écart de volume de production. Mais les prix sont fixés sur le marché mondial du blé, où la France est un petit acteur, face à des géants comme la Russie, l’Inde ou la Chine. « Même si je suis agriculteur en Beauce, par exemple, et que je vends mon blé au moulin local, mon prix de vente dépendra des cours mondiaux », explique Sébastien Rouillay.
« Le vrai problème est la demande mondiale »
Les cours mondiaux sont déterminés par la rencontre de l’offre et de la demande. Or, du côté de l’offre, la production est bonne, notamment aux Etats-Unis et en Europe centrale – contrairement à la France, donc, ainsi qu’en Allemagne. Du côté de la demande – « le vrai problème vient de là », explique le courtier –, la Chine compte peu, l’Inde n’importe pas, l’Iran et le Pakistan seront exportateurs alors qu’ils sont habituellement importateurs. Il n’y a qu’en Afrique que la consommation de céréales reste au même niveau.
Pourquoi cette baisse de la demande ? « Quand le contexte économique se dégrade, les gens des pays en développement achètent moins de viande, et donc les agriculteurs achètent moins de céréales pour nourrir leurs animaux », explique Sébastien Rouillay.
Avec ces effets cumulés de l’offre et de la demande, les tendances du marché vont clairement vers une baisse. « Si l’on regarde la cotation Euronext de décembre 2024, au 8 août, on est à 225 euros la tonne de blé tendre », poursuit le courtier. « En décembre 2023, on était à 254 ». Soit une baisse de prix de 15 %.
Vigilance maïs
C’est une mauvaise nouvelle pour les producteurs de blé en France, déjà affectés par la mauvaise récolte de blé dur au printemps. Sébastien Rouillay “espère que le tonnage de céréales fourragères[le blé et l’orge] “Cette hausse sera compensée par une augmentation de la production de maïs”. “Vu les surfaces emblavées, on peut espérer 15 millions de tonnes contre 12 l’an dernier”, calcule-t-il.
Mais attention : certaines de ces parcelles de maïs ne sont pas irriguées, elles dépendent donc de la quantité de pluie qui tombe. Or, compte tenu des températures élevées des derniers jours, « il y a un réel besoin de pluie dans les quinze jours à venir ». En année normale, un tiers des surfaces de maïs sont irriguées. Mais cette année, comme de nombreux agriculteurs se sont tournés vers le maïs pour compenser les pertes de blé, y compris sur des parcelles qui n’étaient pas destinées à la culture du maïs, cette proportion est tombée « sous les 25 % ».