“Catastrophique” est le mot qui revient souvent parmi les professionnels. Les récoltes sont désormais terminées, les premiers résultats commencent à parvenir aux organismes locaux, et ils confirment le pessimisme des derniers mois.
Selon les Chambres d’agriculture des Deux-Sèvres et de la Vienne, les rendements du blé tendre sont en baisse de 20 % en moyenne par rapport à 2023. Le colza est également en baisse alors qu’il a été semé avant les fortes pluies. Même constat pour l’orge d’hiver ou les pois d’hiver (utilisés pour l’alimentation animale), dont certaines parcelles n’ont même pas pu être récoltées. « Même si les rendements sont faibles, on pourrait s’attendre à ce que la teneur en protéines soit élevée. Mais ce n’est même pas le cas. »explique Maxime Breillad, responsable des cultures végétales à la Chambre d’agriculture de la Vienne.
-50% en blé du Sud Vienne, de la Gâtine et du bocage bressuirais
Vous n’avez pas besoin de chercher bien loin pour trouver une explication : « Cela est principalement dû à l’excès d’eau et au manque de soleil. »Selon Laurent Lambert, agriculteur et vice-président de la FNSEA 86. Autrement dit, la pluie n’a pas cessé entre octobre et le début de l’été. Certaines exploitations ont même atteint -50% en blé dans le sud de la Vienne, ainsi que “dans la Gâtine ou le bocage bressuirais” ajoute Jean-Marc Renaudeau, président de la Chambre d’agriculture des Deux-Sèvres. Dans toutes ces zones, les terres sont restées longtemps humides. Les mauvaises herbes et les maladies ont ainsi pu prospérer.
Les rendements baissent mais les coûts augmentent
En plus des problèmes de rendement, les coûts de production sont plus élevés, alors que le prix du blé à la sortie est justement en baisse. Le résultat : « Cela représente des pertes de marge importantesassure Laurent Lambert. De nombreuses exploitations agricoles se retrouveront dans une situation difficile. Il y a quelques mois à peine, l’ensemble du secteur se mobilisait déjà pour alerter sur la « crise agricole », comme dans d’autres pays européens.
Au-delà du blé, de nombreux semis ont également été retardés par les précipitations. Il faut désormais une alternance de beau temps et de pluie dans les semaines à venir pour espérer un meilleur sort pour les cultures de printemps (maïs et tournesol).
Les professionnels tirent la sonnette d’alarme
Au niveau national, les professionnels et leurs syndicats attendent avec impatience de nouvelles mesures de la part du gouvernement. Jean-Marc Renaudeau suggère plusieurs pistes : “soutien aux cotisations MSA (Mutualité sociale agricole), réduction de la taxe foncière…”Laurent Lambert, du côté de la FNSEA, propose de « limiter l’importation de blé ukrainien, ce qui fait baisser les prix sur le marché, mais aussi l’instauration d’années blanches, pour reporter certains coûts »Tout le monde pense aussi à la réserve agricole européenne, qui pourrait être débloquée de manière exceptionnelle.