Depuis la mi-novembre, 55 000 travailleurs de Postes Canada sont en grève pour réclamer des salaires plus élevés (24 % de plus au cours des quatre prochaines années), de meilleures conditions de travail et une plus grande sécurité d’emploi. Depuis, les livraisons de courrier et de colis par le service public postal sont largement paralysées, ce qui affecte la vie des citoyens.
À l’approche des Fêtes, ces perturbations sont loin d’être idéales pour un gouvernement, particulièrement dans un contexte où d’autres conflits de travail (ports, compagnies ferroviaires, etc.) ont déjà compliqué la vie de nombreux Canadiens en 2024.
Un récent sondage Léger a permis de mesurer l’état d’esprit des électeurs face à cette grève et ses répercussions. Et ils ont leur avis sur le sujet puisque dès le début (l’enquête a été réalisée dans les 48 heures suivant le début de la grève), la quasi-totalité des personnes interrogées avaient entendu parler de ce conflit social. Quelque 86 % ont répondu qu’ils en étaient conscients, ce qui suggère qu’ils en avaient déjà vu les conséquences.
Ceci est illustré par leur niveau d’inquiétude. Près des deux tiers des Canadiens dans l’ensemble se sont déclarés « très préoccupés » ou « plutôt préoccupés » par d’éventuelles perturbations postales. C’est particulièrement le cas dans l’Atlantique (79 %), alors que les Québécois se montrent plus circonspects (une petite majorité ne s’inquiète pas de ce conflit).
C’est une chose de s’inquiéter, c’en est une autre de prendre position pour un côté ou pour l’autre. D’autant plus quand on sait que quelle que soit l’issue de la négociation, c’est le consommateur qui paiera.
Sans dire qu’ils sont prêts à sortir leurs chéquiers, les Canadiens sympathisent avec les revendications des grévistes de Postes Canada. Lorsqu’on demande aux répondants s’ils les soutiennent, une forte proportion de Canadiens (56 %) répondent oui, tandis que 29 % s’y opposent. C’est deux pour un, sauf au Québec et en Colombie-Britannique (voir graphique ci-dessous). Il n’en demeure pas moins que partout, les facteurs obtiennent le consentement de leurs clients.
Ce soutien n’est cependant pas illimité. Lorsqu’on leur demande si le gouvernement devrait intervenir dans le conflit, forcer un arbitrage entre les travailleurs et la direction, ou même ordonner aux travailleurs de retourner au travail, la majorité des personnes interrogées dans toutes les régions du pays déclarent qu’elles soutiendraient de telles mesures. Cette méthode a été adoptée récemment dans le cas des travailleurs portuaires, qui ont été contraints de retourner au travail alors qu’un accord était encore en cours de négociation.
Le sondage révèle que 57 % des Canadiens croient que le gouvernement devrait appliquer la même mesure aux postiers, tandis que 21 % y sont opposés.
Le soutien à l’intervention gouvernementale est assez constant à l’échelle nationale. L’Alberta arrive en tête avec 61 % d’opinion favorable, tandis que la Colombie-Britannique a le taux de soutien le plus faible (53 %). Au Québec, 59 % sont d’accord avec l’intervention gouvernementale, contre 22 % qui s’y opposent.
La grève de Postes Canada met en évidence l’équilibre délicat entre répondre aux besoins des travailleurs et minimiser les perturbations dans la vie quotidienne des citoyens, particulièrement pendant une période critique de l’année comme la période des Fêtes.
En attendant, l’horizon d’un accord négocié semble très lointain.