LE DR René Wittmer est médecin de famille et professeur de clinique adjointe à l’Université de Montréal. Il est également président de la campagne Choisir le quartier QuébecUn mouvement canadien visant à réduire les examens médicaux et les traitements inutiles.
La science est de plus en plus claire: aucune consommation d’alcool n’est sans risque. Cependant, selon la plus récente enquête Statistics Canada à ce sujet, 15% des Canadiens et 18% des Québécois ont déclaré qu’ils avaient été dans sept verres ou plus au cours de la semaine précédant cette enquête.
Même sans dépendance, l’alcool augmente le risque de plusieurs problèmes de santé, en particulier les cancers. L’Organisation mondiale de la santé estime que toutes les 10 secondes, une personne dans le monde décède des complications liées à l’alcool. De plus, une consommation excessive provoque des effets nocifs sur la santé mentale de nombreuses personnes.
Les avantages d’un verre de vin pour la santé cardiovasculaire ont longtemps été félicités. Cependant, si nous examinons toutes les conséquences sur la santé associées à la consommation d’alcool, les risques à l’étranger sont les bénéfices potentiels.
L’alcool crée une dépendance, mais dans quelle mesure?
Selon divers travaux de recherche qui ont permis de classer les substances en fonction du risque de développer une dépendance et un risque de rechute après une période d’abstinence, l’alcool est presque à mi-chemin entre l’héroïne (la substance comprenant le plus grand risque) et la caféine (qui avec le risque le plus bas). Son potentiel de dépendance est un peu inférieur à celui de la nicotine.
L’acceptabilité sociale de l’alcool peut cependant permettre à la consommation problématique de passer inaperçue plus longtemps que celle d’une autre substance.
Comment est la dépendance?
Dans notre cerveau, il y a un mécanisme appelé le circuit de récompense, ce qui nous pousse à répéter les comportements offrant du plaisir et à éviter ceux qui provoquent l’inconfort. Lorsqu’il consomme des substances, ce circuit est directement activé et la libération de dopamine, un messager chimique qui renforce la sensation de bien-être, stimulé. Ce processus peut encourager à consommer à nouveau, ce qui crée un cercle sensible, au fil du temps, entraîner une dépendance.
Le trouble de la consommation d’alcool (le terme médical qui a remplacé l’ancien terme «alcoolisme») a des bases organiques qui permettent de comprendre que ce n’est pas un problème de volonté, mais une maladie chronique. En ce sens, le voyage d’une personne touchée peut être marqué par des périodes d’auto-témoignage, mais aussi des rechutes.
Certaines personnes sont-elles plus sujettes à la dépendance?
Des études sur les jumeaux suggèrent que la dépendance à l’alcool serait expliqué à 50% par la génétique. De plus, des travaux de recherche suggèrent que plus la consommation d’alcool commence, plus le risque de développer une consommation problématique.
D’un autre côté, certains problèmes psychosociaux ou environnementaux représentent un sol fertile pour l’apparition de la dépendance, mais peuvent également être la conséquence. C’est le cas de l’isolement social, qui constitue un facteur de risque autant que la conséquence d’une consommation abusive d’alcool. De même, la présence de certains troubles mentaux augmente le risque de dépendance à l’alcool, mais la consommation répétée d’alcool peut également induire des problèmes dépressifs, par exemple.
Comment reconnaître la consommation qui dérape?
Différentes indications permettent de reconnaître la consommation qui devient problématique. Plus ils sont nombreux, plus l’utilisation de la consommation d’alcool est grave:
- Prenez une plus grande quantité d’alcool ou sur une période plus longue que prévu.
- Essayez sans succès pour diminuer ou contrôler votre consommation d’alcool.
- Passez beaucoup de temps à obtenir de l’alcool.
- Besoin de plus grandes quantités d’alcool pour ressentir les effets.
- Prenez un désir intense et irrépressible de consommer.
- Ne peut plus remplir ses obligations (famille ou professionnelle, entre autres) en raison de la consommation.
- Continuez à consommer malgré l’apparition de dysfonctionnements attribuables à l’alcool.
- Réduire ou abandonner ses activités sociales en raison de sa consommation.
- Boire de l’alcool alors que cela peut inclure un risque pour vous-même ou pour les autres (comme la conduite en état d’ivresse).
- Continuez à boire malgré la connaissance des problèmes psychologiques ou physiques causés par cette consommation.
- Présentez un état de sevrage lorsque vous cessez de prendre de l’alcool ou le consommez pour éviter les symptômes de sevrage.
Un indicateur possible d’une perte de contrôle est la diminution ou la disparition du plaisir ressenti en consommant. Une personne qui continue de boire malgré l’absence de plaisir est plus susceptible d’être dépendante de l’alcool. Cependant, ce n’est pas un critère absolu, car la consommation peut être risquée ou problématique même lorsque la loi reste associée au plaisir.
Qui est susceptible de ressentir des symptômes de sevrage?
Une personne qui consomme régulièrement de l’alcool en grande quantité et qui cesse soudainement de boire est susceptible de vivre un état de sevrage qui durera de quelques heures à plusieurs jours. La gravité du retrait varie considérablement et dépend en partie de la quantité d’alcool consommée, mais les personnes qui boivent moins de cinq verres par jour n’ont généralement pas besoin de traitement. Certains consommateurs de grandes quantités d’alcool présentent peu ou pas de symptômes de sevrage, tandis que d’autres ressentent des manifestations plus importantes malgré moins de consommation. Le sevrage est particulièrement inconfortable, souvent marqué par une augmentation de l’anxiété et des troubles du sommeil, en particulier l’insomnie.
Dans des formes plus graves, des tremblements, des hallucinations ou une confusion peuvent se produire, ce qui nécessite parfois une hospitalisation. Une consultation avec un professionnel de la santé permet d’évaluer les risques de retrait et de déterminer si elle peut être effectuée à la maison, dans le centre de thérapie ou si elle nécessite une supervision hospitalière. Si l’hospitalisation a déjà été nécessaire lors d’un sevrage précédent ou si des complications se sont produites, il est recommandé d’en discuter avec un professionnel avant d’adopter une nouvelle approche. La réduction graduelle de la consommation d’alcool aide à prévenir les symptômes de sevrage.
Quelles formes peuvent soutenir l’abstinence?
Il existe différentes façons de traiter le trouble de la consommation d’alcool. Ces options permettent d’individualiser le traitement.
Il existe plusieurs groupes de soutien bien connus, tels que les alcooliques anonymes, ainsi que divers programmes de thérapie. Ces programmes peuvent être proposés sous différentes formes: dans le suivi individuel, en groupe, dans l’hébergement dans un “centre destox” ou en participant à des séances sans être hébergée sur place.
Plus récemment, certaines drogues, telles que la naltrexone et l’acamprosate, se sont révélées efficaces pour aider à maintenir l’abstinence de l’alcool. En bloquant les récepteurs cellulaires dans le cerveau et en stabilisant l’activité de certains messagers chimiques, ces médicaments aident à réduire le plaisir associé à la consommation d’alcool et à réduire le désir de le consommer. Ces traitements sont généralement offerts en plus des approches thérapeutiques afin d’optimiser les chances de succès de sevrage et de prévenir les rechutes.
Où chercher de l’aide?
Il existe plusieurs ressources pour les personnes ayant un problème de consommation, y compris les centres d’intervention de dépendance (présents dans toutes les régions du Québec), qui sont des ressources publiques. Ces centres offrent des services d’évaluation et divers programmes de thérapie.
Il existe également des cliniques médicales médicales et hospitalières spécialisées dans la dépendance. Pour les personnes atteintes d’un trouble de la santé mentale difficile à gérer et à la dépendance, il existe également des services spécialisés dans la toxicomanie, comme celui du chum.
Tout professionnel de la santé devrait être en mesure de répondre à une demande d’aide et de diriger la personne vers la bonne ressource. Un médecin de famille est l’un de ces professionnels qui peuvent bien évaluer et guider les gens. Il est également possible de connaître les ressources offertes dans sa région en contactant Info-Social (811).
Comment intervenir avec un être cher
Il peut être délicat de dire à un être cher que sa consommation d’alcool nous inquiète. Différents conseils peuvent nous aider à maximiser les chances de succès de l’intervention, notamment en trouvant un moment où nous pouvons s’exprimer sur nos préoccupations de manière confidentielle. Il est préférable de parler au «je», de dire ce qui nous préoccupe et d’offrir de l’aide. C’est surtout l’occasion de rappeler à notre être cher que nous lui tenons à lui ou à lui et d’ouvrir le dialogue. Si la personne n’est pas encline à en parler, nous pouvons lui faire savoir que, nous serons disponibles.
Repenser sa consommation
Dans le contexte où la consommation d’alcool présente des risques importants pour la santé, nous aurions peut-être un intérêt collectivement pour repenser la façon dont cette substance est associée à la relaxation, à la célébration ou même à la façon dont elle est appréciée par les programmes de récompense. Au-delà des choix individuels, les initiatives politiques et sociales sont des outils précieux pour promouvoir moins de consommation de risques.
Si vous vous interrogez sur votre consommation ou celle d’un être cher, sachez que l’aide est disponible. N’hésitez pas à consulter les ressources présentées, car demander un soutien est la première étape vers la reprise. Le trouble de la consommation d’alcool n’est pas inévitable, mais une condition traitable, pour laquelle il existe des solutions efficaces.
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