Il y avait une ombre dans la pièce sans fenêtre qui a accueilli les médias québécois pour la caméra budgétaire traditionnelle: celle de Donald Trump et ses tarifs douaniers, tous deux déjà appliqués comme ceux qui pourraient être du 2 avril – et qui sait où il s’arrêtera.
Ainsi, le mot-clé du septième budget d’Eric Girard est probablement “l’incertitude”. Une instabilité générale qui a forcé le ministre à une œuvre bancancier qui va bien au-delà du concept d’équilibrer le budget dans les cinq ans, ce que cela se produit, mais sans dire complètement comment. Parce qu’il sera compliqué avec un nouveau déficit record de 13,6 milliards de dollars, en termes absolus, en 2025-2026. Qui n’a pas commencé son optimisme par rapport à l’avenir.
Pour développer son exercice financier, Eric Girard a dû faire face à des menaces dont le contenu et les effets réels sont inconnus. Il a néanmoins l’intention de soutenir l’économie du Québec, avec la nécessité d’investir pour le transformer dans ce contexte. En outre, il exprime ce désir d’imposer un “changement de paradigme” dans le rythme des dépenses publiques – avec une croissance des dépenses accordées aux ministères moins que celle observée ces dernières années, mais sans donner un accident vasculaire cérébral comme nous l’avons vu il y a dix ans.
C’est probablement pourquoi il a parlé du budget “le plus complexe” qu’il a dû préparer. Un budget “Trumpiste” par la force des choses: non pas en philosophie, mais à cause de tout ce que les décisions américaines du président américain ont bouleversé dans l’économie du Québec.
Eric Girard a fait preuve de rigueur et de sérieux dans la préparation de son plan budgétaire (nommé Pour un Québec fort) et son plan de retour à l’équilibre. Mais il y a des limites évidentes qu’il est possible d’anticiper dans le contexte que nous connaissons.
Pour le moment, le ministre des Finances opte pour une forme d’optimisme dans la lecture de la situation. Son “hypothèse de base” – soit le scénario à partir duquel il a construit le budget fournit que les fonctions de douane imposées par les États-Unis “pourraient être ajustées dans les prochains mois, que leurs effets seraient en moyenne équivalents à des prix de 10% et qu’ils pourraient être en place pour une période de transition d’environ deux ans”. Compte tenu de la grande volatilité qui vient du bureau ovale de Washington, il y a une partie de Bet là-dedans.
Cependant, ce scénario a déjà des conséquences importantes. Les politiques américaines créent l’incertitude, qui sape la confiance, ralentit le commerce et limite l’augmentation des investissements et de la consommation, souligne le document budgétaire. Le gouvernement estime que ces effets prendront un total de 0,7 point de pourcentage à la croissance attendue pour les années 1920 et 2026. La croissance attendue est désormais évaluée à 1,1% cette année et à 1,4% l’année prochaine.
Ensuite, la situation oblige les investissements des forces gouvernementales auxquelles il n’a pas nécessairement procédé au moment précis où la loi sur l’équilibre budgétaire a obligé le ministre à présenter un plan de retour à l’équilibre. “Mais confrontés à ces menaces, nous sommes responsables de la transformation de l’économie du Québec”, a déclaré le ministre Girard.
En particulier, 4,1 milliards sont prévus pour “permettre de soutenir et de dynamiser l’économie du Québec” – nous parlons d’aide de transition aux entreprises touchées par les prix, les efforts, la diversification de l’économie, l’identification des produits du Québec, etc. Au total, le budget comprend des investissements de 12,3 milliards de personnes sur cinq ans dans la vaste catégorie de soutien à la création de la richesse et au soutien de la quai-debelle. Le Québec ajoute également 11 milliards au Plan d’infrastructure du Québec (PQI), qui atteint désormais 164 milliards de dollars sur 10 ans.
Mais le plan budgétaire comprend également d’autres scénarios possibles. Le premier, pessimiste, fournit une récession causée par la fiscalité des droits de douane de 25% sur toutes les exportations québécères aux États-Unis (sauf pour les produits énergétiques, 10%) pour une période de deux ans. Il s’agit d’une hypothèse qui pourrait se produire le 2 avril.
Selon les calculs du Québec, cela impliquerait une baisse du PIB de 0,1% en 2025, suivie d’une très légère reprise (0,5%) l’année prochaine. Cela représenterait une différence négative de 2,1 points de pourcentage par rapport au scénario choisi. Dans un autre scénario, tout serait mieux que prévu, mais nous en parlerons si nécessaire.
Le mot «incertitude» s’applique également au rendement du budget de l’équilibre. Le directeur de l’Institut du Québec, Enma Braham, a souligné pendant la porte à huis clos que le gouvernement “se conforme à la loi en présentant un moyen de revenir à l’équilibre, mais qu’il repousse certains choix et arbitrage dans le temps”.
Le Québec prévoit un léger excédent en 2029-2030. Le document budgétaire, cependant, mentionne que de nombreuses sommes doivent être réduites ou jugées pour atteindre l’objectif: un milliard en 2027-2028, 2,5 milliards l’année suivante et 2,5 milliards en 2029-2030. Le gouvernement est donc déterminé à respecter la loi, mais ne sait pas comment il réussira.
En tant que «gestes concrets» pour marcher vers l’équilibre budgétaire, nous citons l’amélioration du régime fiscal (économie de 9 milliards sur six ans), l’examen des dépenses budgétaires (9 milliards) et les «efforts des entreprises gouvernementales» (1,4 milliard). Pour le reste, nous promettons “d’utiliser tous les leviers nécessaires pour combler l’écart persistant”.
Le document parle en particulier des représentations continues aux fédérales pour obtenir des transferts fédéraux supplémentaires, pour poursuivre les initiatives pour créer plus de richesse, pour faire des gains d’efficacité, etc. Nous avions conservé le budget de 2024 selon lequel il contenait une bonne partie de “nous verrons”: le retour à l’équilibre a également les martes d’un document autour desquelles nous franchissons nos doigts.
Quoi qu’il en soit, il sera nécessaire de voir si ce plan survivra l’année prochaine. Le scénario pessimiste intégré au budget illustre “comment les dommages à l’équilibre budgétaire pourraient être affectés si la situation économique devait prendre une trajectoire différente de celle qui est attendue dans le budget 2025-2026”.
Une récession impliquerait des déficits budgétaires pour toutes les années du cadre financier et des déficits plus élevés que ceux déjà prévus. Si le coussin financier (la célèbre «disposition pour les éventualités») à la disposition du gouvernement ne suffit pas, “le gouvernement pourrait être contraint de demander une suspension de l’application de la loi”, spécifie-t-il.
Les chiffres et les projections de ce budget devraient donc être pris avec des pincettes. D’autant plus qu’au-delà de ce que la guerre commerciale pourrait changer dans le portrait, plusieurs mesures annoncées mardi ne seront pas en vigueur avant 2027, c’est-à-dire après les prochaines élections provinciales …
Le retour des vaches maigres?
Ce qui est certain, c’est que des années difficiles se profilent. Déjà, le gouvernement du Québec enregistrera un déficit record dans la figure absolue: en 2024-2025, le déficit, après le paiement du fonds des générations, a été fixé à 10,4 milliards (au lieu des 11 milliards prévus), mais il atteindra 13,6 milliards en 2025-2026.
Le ministre Girard a pris soin de noter que en pourcentage du PIB, ce déficit est moins important que ce que nous avons vu en 1994-1995 (2,2% contre 3,3%), et qu’il ne s’agit donc pas d’un record. Ce n’est pas faux … mais il reste considérable.
Le facteur Trump n’explique à lui seul l’étendue du trou budgétaire. Selon le plan, “la situation financière du Québec s’est détériorée sous le poids d’une inflation élevée, des investissements majeurs réalisés dans les services publics, en particulier pour améliorer les conditions de travail des employés dans les secteurs public et parapublique, l’augmentation démographique record en 2023 et 2024 ainsi que des revenus plus faible [le bas niveau des réservoirs a forcé la société d’État à moins vendre d’électricité à l’extérieur du Québec] ». C’est un rappel que la situation économique n’était déjà pas facile avant les complications américaines.
Pour passer d’un tel déficit à l’équilibre budgétaire, le gouvernement n’aura d’autre choix que de “revenir aux niveaux de croissance [des dépenses] Plus modéré »que ce que nous avons vu depuis 2018, dit également le budget.
À cet égard, le gouvernement de Legault ne peut pas avoir été accusé d’avoir sauté des dépenses dans les grandes missions d’État. Les dépenses de santé et de services sociaux ont augmenté de 52% en sept ans (une croissance annuelle moyenne de 7,3%); Ceux de l’éducation, 55% (croissance moyenne de 7,5%). Mais cette époque est terminée, le budget est annoncé doucement.
La croissance des années à venir sera inférieure: 3,1% en moyenne de 2024 à 2027 pour la santé et 6,2% en éducation (chiffre gonflé par une année atypique en 2024-2025). Le budget de Girard prévoit une somme modeste de cinq milliards d’investissements supplémentaires pour ces deux secteurs neuronaux. Plus largement, la croissance des dépenses de portefeuille sera de 1,8% en 2025-2026 et de 2,4% pour 2026-2027. La croissance annuelle des dépenses publiques atteindra 4% de 2024 à 2027.
Le président du Conseil du Trésor, Sonia Lebel, a également clairement mentionné que le dépôt de respect pour les budgets alloués à chacun est resté en vigueur. Le gouvernement soutient qu’il n’y a pas eu de coupe ces derniers mois dans les diverses enveloppes budgétaires. Le fait demeure qu’en ce qui concerne les secteurs de la santé et de l’éducation, cette exigence de respect du budget a eu des effets très concrètes.
Québec Solidaire n’a pas hésité à parler d’un budget d’austérité qui affaiblira les services publics. Le Parti libéral du Québec est principalement préoccupé par l’augmentation de la dette – le gouvernement modifie également son objectif de réduction de la dette nette, qui a été fixée à 30% du PIB en 2037-2038 et qui est maintenant de 32,5%. Le Parti Québécois, pour sa part, s’est concentré sur le fait que l’augmentation du déficit pour 2025-2026 était principalement “le travail de mauvais choix”.
D’autres ont souligné des mesures intéressantes: la Fédération du Québec des chambres du commerce, par exemple, était ravie du ménage fiscal qui a été fait et qui aidera à stimuler l’investissement, est-ce que l’on pense. Quelque 170 mesures fiscales ont été analysées: les crédits d’impôt disparaissent, d’autres sont remodelés. Des mesures d’incitation ont également été examinées (en particulier pour les propriétaires de véhicules électriques et hybrides, qui perdent les privilèges). Certaines affirmations du secteur culturel ont été entendues, etc.
Il existe toujours plusieurs façons de considérer un budget, et celui-ci n’échappe pas à la règle. En tout cas, Eric Girard doit souhaiter que sa lecture optimiste de la situation se matérialise … et encore plus. Parce qu’il restera du travail à faire au-delà du rodéo imposé par l’administration Trump.